Selon les derniers chiffres de Statistique Canada, près de 22 % de la population active serait désormais à l’aube de la retraite. Le constat n’est pas surprenant puisque les tout derniers représentants de la génération du baby-boom atteindront 65 ans en 2031, au moment où les premiers, eux, approcheront 85 ans. À ce moment, presque tous les membres de cette vaste cohorte démographique seront à la retraite.
Dans plusieurs cas, ils se retrouveront aussi à la tête d’un patrimoine appréciable, qui sera éventuellement légué, du moins en partie, à la prochaine génération.
Un phénomène anticipé
Ce transfert intergénérationnel retient l’attention des spécialistes depuis plusieurs années. Aux États-Unis, on estime que le phénomène atteindra son pic au milieu de la prochaine décennie, alors que les derniers baby-boomers auront déjà près de 75 ans.
Les chiffres de Statistique Canada confirment quant à eux que cette génération est, effectivement, celle qui détient les actifs les plus substantiels dans notre société.
Mettre les chances de votre côté
Si vous faites partie de cette génération, vous partagez avec vos contemporains un important défi : comment allez-vous assurer le transfert harmonieux de cet actif à la prochaine génération? Sachez que selon certaines études, à peine 30 % des transferts intergénérationnels sont réussis – un transfert réussi en étant un où la famille conserve le contrôle des actifs et où l’harmonie familiale est préservée. Plus encore, la quasi-totalité des échecs serait due à un manque de préparation des héritiers, à un manque de communication et à l’absence d’une vision commune.
Lorsque viendra le temps de planifier votre propre transfert, peut-être devrez-vous donc envisager les trois lignes directrices suivantes.
Règle numéro 1 : communiquer
On recommande généralement d’ouvrir un dialogue avec tous les membres de la famille afin de leur faire connaître l’état de vos avoirs et vos intentions. Malheureusement, c’est souvent plus facile à dire qu’à faire, puisque plusieurs familles – et même plusieurs couples – ne sont pas à l’aise pour parler ouvertement de leur actif financier. Le premier bénéfice d’un tel dialogue pourrait donc être de dissiper les ambiguïtés et de voir s’il existe bien un « sens de la famille », une vision et des valeurs communes qui favoriseront le transfert de la richesse.
Évidemment, la manœuvre n’est pas sans risque. Par exemple, la divulgation des actifs dont ils vont hériter pourrait être un facteur de démotivation pour vos enfants, face à leurs propres défis. Elle pourrait aussi créer des attentes quant à l’utilisation qu’ils pourraient faire de cet actif si vous le leur cédiez en partie de votre vivant. D’ailleurs environ deux Canadiens sur trois envisageraient de transférer une partie de son héritage de son vivant.
Règle numéro 2 : éduquer
Le niveau des connaissances en matière financière varie grandement d’une personne à l’autre. Dans un couple, par exemple, il arrive souvent que l’un des deux membres s’occupe davantage des décisions relatives aux finances et aux placements. Il pourrait donc être essentiel d’aider toutes les personnes concernées, à commencer par le conjoint, à développer un niveau de compréhension adéquat face à ces enjeux, tout en tenant compte, bien sûr, de leur âge et de leur capacité de comprendre.
Vous pourriez à ce moment être confronté à des divergences de valeurs. Des études récentes, en effet, tendent à montrer que les millénariaux, par exemple, ont une vision du domaine financier et une conception du risque d’investissement fort différentes de celle des générations précédentes.
Des intervenants externes, notamment votre conseiller, pourraient clarifier certaines questions au bénéfice de toutes les personnes, et vous orienter vers les bonnes ressources éducatives.
Règle numéro 3 : planifier
Enfin, une fois toutes les variables alignées, il s’agira de planifier le transfert, qui pourra se faire de votre vivant, à votre décès (par la voie de votre testament), ou les deux. Les implications fiscales de toutes vos décisions devront être soupesées avec attention, et peut-être certains outils financiers, comme l’assurance vie, pourront-ils être considérés pour compenser les montants prélevés par l’impôt lors du décès.
Cette planification est d’autant plus importante si vous possédez une entreprise. Des statistiques montrent que près de la moitié des faillites d’entreprises familiales sont précipitées par le décès de leur fondateur. Et sur un plus long horizon, on estime qu’une majorité d’entreprises familiales ne survivraient pas au-delà de la deuxième génération d’héritiers.
Le transfert intergénérationnel de richesse qui est en cours pourrait avoir des effets importants sur notre économie et sur les marchés. Mais si vous en faites partie, il pourrait avoir d’abord des effets sur votre propre patrimoine et sur celui des personnes qui vous tiennent à cœur. N’hésitez pas à demander conseil.
Les sources suivantes ont été utilisées dans la rédaction de cet article.
Investment Executive, « Record number of workers eyeing retirement: StatsCan » ; « More Canadians are looking to pass on inheritance early, study finds ».
MarketWatch, « The largest wealth transfer in history has already begun ».
RBC, « Wealth transfer and the next generation ».
Rotman, « Preparing both 'the family' and 'the money' for the transition of wealth to the next generation ».
Statistique Canada, « Comparaisons intergénérationnelles du bien-être économique des ménages ».
Wealth Management, « Ten Ways to Talk About Family Wealth ».